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Photo du rédacteurAPE Marguerittes

J'avais désespérément besoin d'être exaucé


 



En 1994, j’ai travaillé peu de temps comme volontaire en Bosnie et en Croatie pendant la guerre civile. C’était un effort d’aide international auquel participaient pour la grande majorité des volontaires venus du monde entier. Les conditions du camp étaient déplorables et, après avoir perdu 15 kg en un mois, je suis tombé malade et j’ai été obligé de partir. Alors que j’étais en convalescence à Memphis, j’ai appris ce qui se passait pendant la toute dernière guerre civile au Rwanda et j’ai cherché à m’y rendre utile. En quelques semaines, tout a été organisé. J’ai apporté mon aide aux mesures de sécurité pour un groupe d’infirmières, de médecins et de personnel paramédical près des camps de réfugiés des Nations Unies à la frontière du Rwanda, du Burundi et du Zaïre. Ayant déjà vu de mes propres yeux les conséquences dévastatrices de différentes guerres, je ne pouvais pas être mieux préparé pour ce qui allait m’arriver. En Bosnie et en Croatie, plus de 500 000 personnes ont perdu la vie en moins de deux ans de guerre ; au Rwanda, 500 000 personnes ont perdu la vie en moins de quatre mois. Le nombre de personnes déplacées a aussi été estimé à plus de 2 millions. La plupart des Rwandais ont trouvé refuge dans des camps des Nations Unies alors que d’autres se sont entassés dans des petits villages. Les avions navettes affrétés par notre équipe de 12 personnes étaient les seuls à atterrir à Bujumbura, l’aéroport du Burundi. Des combats, des enlèvements et pires étaient relatés dans cette région. Et tous les vols commerciaux avaient été annulés depuis longtemps. Quand nous sommes arrivés à l’aéroport, M. M, notre guide, a expliqué notre mission aux commandants et ils nous ont rapidement escortés en attendant des véhicules. La grande route reliant le Burundi au Zaïre, à deux voies, pleine de nids de poules, était couverte de réfugiés. M. M nous a mis au courant des conditions locales et il croyait que la région où nous allions était sûre. Pendant le trajet, M. M a expliqué que, comme j’avais été ajouté à l’équipe en dernière minute, il n’y avait pas eu assez de temps pour obtenir un visa d’entrée pour moi si bien que je n’allais pas réussir à passer le dernier poste de contrôle. Il a dit qu’il y avait un hôtel de fortune là-bas et que je pourrais y rester en attendant de pouvoir entrer. La tombée de la nuit approchait rapidement quand la voiture a quitté la route brutalement et s’est arrêtée. M. M. a dit « Allons-y » et il m’a entraîné rapidement derrière lui jusqu’au bureau du réceptionniste, à l’extérieur. M. M. a parlé en français et les deux hommes m’ont encore entraîné rapidement en me mettant dans une chambre où il faisait tout à fait sombre. M. M. m’a dit « Ne sortez pas de cette chambre et restez tranquille. Nous vous verrons demain ». Les voitures sont reparties pendant que j’ai cherché de la lumière à tâtons. Ensuite je me suis allongé sur le lit métallique et je me suis assoupi mais je ne pouvais pas m’empêcher de penser à ma situation jusque-là en Afrique. Je n’avais aucune idée de l’endroit où j’étais, trois pays se combattaient dans une guerre civile, des bandits armés faisaient tout ce qu’ils voulaient pendant que des centaines de gens dans le voisinage mouraient de faim. La seule chose saine que je connaissais venait juste de partir en voiture et j’étais étendu dans ce lit avec seulement un couteau de poche pour me protéger. Quelque temps plus tard, j’ai été réveillé par deux salves qui ont claqué au loin. La cour du soi-disant hôtel avait été remplie d’hommes en armes.


Il était près de minuit mais on entendait des voix étouffées et des bruits de fermeture de culasses de fusils, maintes et maintes fois. Terrifié, sans armes, j’ai commencé à bouger tous les meubles pour bloquer la porte d’entrée. Pour mieux attraper une commode, j’ai ouvert le tiroir du dessus, je l’ai agrippé et j’ai poussé la commode contre la porte. Le pouce que j’avais dans le tiroir a attiré mon attention et j’ai jeté le livre qui était dedans sur le lit. Ensuite j’ai poussé le lit contre la commode et je me suis allongé. Ma tête était en face de la porte de la chambre et une faible lueur de lune venant de derrière tombait sur le livre. Je l’ai pris d’une main qui tremblait et j’ai vu que c’était une Bible Gédéon déchirée, salie, en lambeaux. Comment une Bible Gédéon avait-elle bien pu se retrouver dans cet endroit ravagé et sans amour. Je ne pouvais même pas l’imaginer. Mais j’ai remercié Dieu parce qu’il y avait enfin quelque chose de bon. Avec précaution, j’ai feuilleté les pages et j’ai été étonné de trouver que dans ce pays francophone c’était une Bible en anglais.

Au mieux, jusqu’à cet événement qui a changé ma vie, je me considérais comme un chrétien médiocre. Médiocre dans le sens où je priais seulement quand j’avais besoin d’aide. Cette nuit-là, effrayante, dans une Afrique ravagée par la guerre, j’avais désespérément besoin d’exaucements rapides. « S’il te plait, Dieu, enlève cette peur » a été ma première prière. Je prenais conscience que je voulais tellement pouvoir vivre un autre jour alors que jusque-là je ne m’étais jamais préoccupé de vivre d’une façon ou d’une autre. Ensuite j’ai commencé à lire la Bible en priant, « S’il te plait, Dieu, montre-moi directement ce qu’il faut que je voie ». Après cela, sur la bible qui était tombé et ouverte, j’ai commencé à lire le Psaume 23 « Le Seigneur est mon berger… il restaure mon âme… si je marche dans la vallée de l’ombre de la mort, je ne crains aucun mal car tu es avec moi… »


Quand je me suis réveillé, j’ai entendu casser des bouteilles de bière, des gens ivres qui parlaient fort et des bruits de culasses. Il était 2 heures du matin. « Dieu, montre-moi le bon passage » ai-je encore prié. Cette fois j’ai trouvé Matthieu ch. 3 « …Repentez-vous car le royaume des cieux est proche »

« M. Mitchell, nous devons y aller ! » Le jour se levait et c’était l’un des chauffeurs de M. M qui me réveillait derrière la porte. Il semblait très agité. J’ai attrapé la Bible Gédéon, et j’ai instinctivement touché mon front avec en disant « Merci, Seigneur ». En enlevant le mobilier de devant la porte, j’ai remis la Bible là où je l’avais trouvée en souriant. Le chauffeur m’a fait sortir en hâte, comme à mon arrivée. En allant à la voiture, il m’a dit « Je suis sûr que vous avez bien dormi ». Surpris, j’ai simplement répondu « Oui, j’ai bien dormi, merci ! ».

Cette première nuit, en Afrique, m’a apporté beaucoup de réponses. Le profond effet de guérison sur mon cœur et sur mon âme a été durable. Par intervention divine, trouver cette Bible Gédéon et la lire m’a placé sur un meilleur chemin. J’ai pris conscience de ma pauvreté spirituelle et j’ai davantage pris conscience des âmes perdues qui m’entourent. Et surtout j’ai fini par comprendre ce qui est important : le salut et l’amour de Dieu, pour chacun de nous, donnés gracieusement aux hommes par Jésus-Christ.

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